Les Gouttes de Dieu : le manga classe sur le vin…

Et je repousse, et je repousse…Ca fait des semaines que je dois écrire cet article, et pourtant je bloque. Pourquoi ? Je veux absolument réussir à bien en parler. Ce n’est pas juste un manga, ni un banal objet avec des images que je tiens dans mes mains. C’est tout un monde où je m’immerge pleinement (toujours avec modération 😉 ) et je VEUX que vous aimiez ! Voilà, c’est fait, je deviens le tyran de ce blog ! En même temps, ça vient de la vision déformée des gens en général sur le manga : en mai dernier, chez le garagiste (pour changer 😉 ), je m’entends dire dans la salle d’attente : « Y’a de la baston et des nanas à poil : vous lisez ça? ». Un instant, j’ai été tentée de le massacrer à coup de massue, style City hunter (Nicky Larson), mais j’ai préféré un condescendant : « l’univers de l’œnologie ne se prête pas à ça »…Pan ! Retourne derrière ton comptoir, chercher « œnologie » dans un dico et fous-moi la paix. Ouais, c’est pas sympa, mais, Monsieur, tu payes pour la décennie de clichés que j’ai entendus sur les mangas. Et ça m’énerve trop !! (comme Oldelaf ;)) …Vous savez maintenant, il y a des fois, où je n’explique plus gentiment. Alors, je ne vais pas déployer une énergie folle à vous convaincre. C’est un bijou. Faites-en ce que vous voulez…

Les Goutte de Dieu, c’est des couvertures de toute beauté, au touché agréable avec des surimpressions brillantes sur des illustrations mats. Mélange des matières, comme le mélange des cépages. Et toute la majesté du vin commence là. Néophyte, ou goûteur aguerri, c’est pour vous. C’est ça, la force de cette histoire. Chacun est capable de l’apprécier, de s’en sentir nourri et de repartir plus riche qu’il n’est arrivé. J’avoue, l’univers du vin ne m’est pas totalement inconnu. J’ai eu la chance de côtoyer de grands vins de temps à autres depuis ma naissance et surtout d’écouter passionnément des gens m’en parler (merci papa et tonton ^^). Mais, j’aurai pu passer mon chemin. Ce que je cherche dans le manga est encore différent de ce que je trouve dans la BD. J’aime ces planches par moment si travaillées, que je suis dedans littéralement. Et à côté de ça, la page d’après peut-être juste une suite de traits simples, suggérant vite fait un personnage qui part en vrille.

Allez, petit accroche, histoire de vous donner envie :

Shizuku Kanzaki, est le fils d’un très célèbre œnologue. Tournant le dos au vin à l’âge adulte, il est rattrapé par son destin à la mort de son père. Celui-ci lui lègue ses biens et sa cave, à l’unique condition de remporter un défi : identifier les 12 Apôtres et les Gouttes de Dieu. 13 grands crus à découvrir. Et il n’est pas seul en lice. Il apprend qu’il a un frère adoptif, œnologue reconnu, formé par son père depuis de nombreuses années. Toutes les certitudes de Shizuku vacillent et il va, peu à peu, rentrer dans cet univers qu’il a si longtemps fui. Aidé dans cette quête de lui-même et de son passé par une jeune sommelière, Miyabi Shinoara, il nous entraîne dans l’apprentissage de toute une vie…

Voilà, bon c’est un peu pompeux, mais dans le manga, c’est drôle, léger, sérieux, poétique, grave, bien barré…et surtout captivant ! Chaque tome est richement documenté, nous permettant nous-même de marcher dans les pas des personnages : Bordeaux, Bourgogne, Côte du Rhône, vins du Sud : rien n’est oublié. Mais le plus beau, c’est de voir qu’au fur et à mesure, de grands noms du vin (français principalement) se sont pris au jeu d’écrire les préfaces, d’apporter leur savoir et leur savoir-faire. L’authenticité grandit avec l’histoire. Cela tient aussi aux auteurs/illustrateurs, amateurs de vin depuis de nombreuses années : Tadashi Agi et Shu Okimoto. Et paradoxalement, le message principal n’est pas qu’un grand cru hors de prix vous garantit une bonne dégustation. On vous apprend surtout que l’amour du vin et le travail acharné de l’Homme font des merveilles, même pour quelques euros. Le vin est un art, à la hauteur du dessin et de la peinture. Celle-ci est fréquemment mise à l’honneur dans la description du verre dégusté et permet au lecteur de sentir les couleurs, les touches et les arômes de chaque breuvage.

Le vin est le premier des personnages, mais n’oublions pas les autres : tantôt drôles, tantôt graves, ils donnent une vraie identité à cette histoire. Ok, tout n’est pas réaliste, ça reste du manga et par moment, je retrouve des impressions de dessins animés qu’on regardait enfant, un brin dramatique ou totalement loufoque (Candy, Princesse Sarah, Cat’s eyes, Juliette je t’aime).

Ce n’est pas compliqué, ça donne envie de tout goûter, de partir à pied ou à cheval, à la découverte de la vallée du Rhône ou du côté de Bordeaux, histoire de faire un automne de vendanges. Et quand en plus, ils marient les vins à la grande cuisine, je suis définitivement dans les limbes. 😉 Voilà, j’ai tout dit, je vais continuer mon enivrement mensuel (on en est déjà au Tome 22), goûtant de temps à autre, dans la vraie vie, des gouttes de rubis et d’or, sorties de ces pages…

Rendez-vous sur Hellocoton !
Roseline

Cet article, publié dans Lectures, est tagué , , , , , , , . Ajoutez ce permalien à vos favoris.

Alors, vous en pensez quoi? ;)